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LE MONDE TEL QU’IL SE DESSINE !

Dans le monde à venir, si l’on n’y prend garde, l’Afrique ne sera plus qu’une part de marché, un terrain d’exercices militaires et un espace d’expérimentations socioculturelles hors normes. Par ailleurs, les dirigeants occidentaux, de moins en moins politiques, s’éloigneront imprudemment des missions régaliennes (de souveraineté) des États à savoir la Sécurité, la Défense, la Justice et la Diplomatie. Ce fait est observable après l’échec relatif des politiques économiques et sociales, à l’exception des pays scandinaves.

Les responsables politiques retrouvent face à des peuples de plus en plus exigeants, informés dans l’instantanéité par des réseaux sociaux surclassant les médias traditionnels. Ceux-ci sont perçus comme non objectifs et aux ordres. La gouvernance de la spiritualité sera t’elle épargnée ? Rien n’est moins sûr !

L’Afrique sera encore plus marginalisée si ses dirigeants ne s’appuient pas sur leurs jeunesses intégrées à la modernité technologique, pour faire porter les aspirations du continent. L’affaiblissement institutionnel en Occident devrait être un sujet d’intérêt qui pourrait retenir l’attention des intellectuels Africains. L’affirmation des BRICS ( Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) apparaît comme une alternative possible pour les pays en développement, particulièrement africains. Leur salut réside dans la recherche d’une autonomie collective par le processus d’intégration régionale.

Le récent Sommet de Saint Petersbourg, en Russie, ouvert à d’autres pays, non occidentaux, témoigne de la volonté de modifier substantiellement les relations internationales. Le centre du monde se déplace inexorablement vers l’Asie-Pacifique, avec la Chine comme leader.

Alain Peyreffite, académicien, ancien ministre du général De Gaulle, avait prévenu à travers son célèbre ouvrage : « Quand la Chine s’éveillera…. le monde tremblera », 885.000 exemplaires, en 1973. À méditer ! Quelle est la part consacrée à la réflexion préalable et à la prospective dans la gestion des affaires publiques en Afrique ? Quelles sont les motivations des chefs d’État et de gouvernement dans leurs décisions et leurs actions en politique intérieure comme en diplomatie ?

Au Sénégal, il semblerait que le président Macky SALL aurait dissous le parti d’Ousmane SONKO, son principal opposant. Attention à ne pas ouvrir la boîte de pandore ! La Gambie est déjà un os ou une arête dans la gorge du pays ! Face à ces mutations, quelles réponses crédibles au niveau au moins sous-régional africain ? Le Niger, après le récent coup d’État militaire est confronté aux élucubrations et gesticulations de la CEDEAO (Communauté Économique Des États d’Afrique de l’Ouest). Cette organisation créée en 1975 à Lagos, au Nigéria , qui regroupe 15 pays membres, chargée d’assurer la sécurité collective, semble de plus en plus s’éloigner dangereusement de ses nobles objectifs initiaux de paix et de développement.

La CEDEAO, à trop tirer sur la corde, sans discernement et à contre-courant de l’évolution de l’histoire, risque malheureusement de s’enfoncer dans le sable mouvant du Sahel, berceau des grands empires ouest-africains. À toujours se laisser entraîner dans des aventures aux conséquences funestes, on finit par se perdre soi-même. Les marionnettistes sont généralement incapables de faire face à leurs propres problèmes de gouvernance. Ici comme ailleurs, méritent-ils vraiment d’être dans ces palais nationaux ?

Pour qui gouverne-t-on, en bénéficiant d’avantages et de privilèges parfois exorbitants, sur le dos du citoyen contribuable, en droit et en fait la raison d’être de l’État ? Le peuple doit être l’acteur principal de son destin, avec l’encadrement et l’accompagnement des pouvoirs publics. « Ce qu’un peuple ne fait pas pour lui-même, ce n’est pas un autre qui le fera à sa place » (Jean Dutourd). Il est temps, grand temps pour les dirigeants Africains de changer de logiciel dans la gouvernance, en devenant des porteurs de vision, de projets et d’idéal de construction humaine, au bénéfice des populations. Ils doivent avoir constamment à l’esprit les exigences d’une éthique de la responsabilité publique.

Cette dynamique d’espérance devra être conçue, conduite et se réaliser en confiance avec, principalement mais non exclusivement, des intellectuels et professionnels du continent, disposés à prendre une part active et déterminante à l’élévation de l’être Africain dans l’objectivité, la loyauté et la sagesse. En définitive, l’enjeu est aujourd’hui plus pour deux continents liés par la géographie et l’histoire: l’Afrique et L’Europe. « Il y va de la vie de l’Afrique et de la survie de l’Europe » (Félix HOUPHOUËT-BOIGNY).

1er Août 2023
Pierre AYOUN N’DAH
Docteur en Droit public
Ancien professeur à l’ENA d’Abidjan
Auteur de:

  • « Moderniser l’État africain », Éditions du CERAP, 2003, 188 pages. Librairie
    du CERAP, Sogefiha, Cocody, Avenue Jean Mermoz
  • « Côte d’Ivoire : Rendez-Moi Mon Histoire ! », 2023, 286 pages, CERAP.
  • « Outils de Performance de l’Entreprise ». À paraître.

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